Blog de la faculté Des Sciences Juridiques Economiques Et Sociales de MOHAMMEDIA

2021-01-09

Analyse Financière S4 (part1)

 A quoi sert une analyse financière? Quels sont les partenaires de l’entreprise qui pourraient être intéressés pour la mener? Comment doivent-ils s’y prendre? Telles sont les questions auxquelles nous allons essayer de répondre, l’objectif étant de présenter une méthode d’analyse financière appliquant des outils d’interprétation et d’analyse sur des données comptables sur lesquelles on aura auparavant appliqué quelques redressements.

A- POURQUOI MENER UNE ANALYSE FINANCIERE?

L’analyse financière a pour but de donner une idée sur l’état de santé financière de l’entreprise. En d’autres termes, de détecter chez l’entreprise analysée les points forts et les points faibles du point de vue financier et d’essayer de prendre une décision en conséquence. En somme, l’analyse financière a pour objet d’éclairer la décision.

Plusieurs partenaires de l’entreprise sont concernés par l’analyse financière pour prendre la bonne décision  :

  • Les partenaires internes : L’actionnaire cherche à cerner la rentabilité et le risque, le dirigeant à mener une bonne gestion, et les salariés à, s’assurer de la pérennité de l’entreprise et d’une meilleure politique des salaires pour eux.
  • Les partenaires externes: Le banquier cherche à apprécier la solvabilité, la liquidité et la structure de financement; le fournisseur à décider de sa politique de crédit vis-à-vis de l’entreprise, et l’état à tracer sa politique économique, etc.

Cette matière (informations internes et externes) une fois réunie sert de base d’application des différents outils d’analyse financière. Cependant, avant d’arriver à ce stade, il convient de faire subir aux données comptables un certain nombre de redressements.
Les données comptables constituent la base d’informations pour les analystes financiers. Mais, ces données sont souvent entachées de considérations juridiques et fiscales que l’analyse doit écarter en procédant à leurs redressements. L’objet étant d’arriver à une information ayant une connotation purement financière.
La première opération consiste à donner plus de visibilité aux données comptables en arrondissant les chiffres. En effet, l’analyse financière n’est pas un exercice de comptabilité; elle a moins besoin de précisions des chiffres que du respect des égalités (actif = passif ; crédit = débit) et proportions des rubriques des états financiers de synthèse.
Au Maroc, la normalisation comptable a cherché à travers le PCGE à rapprocher le contenu et la présentation des documents comptables des objectifs de l’analyse financière, afin de réduire au maximum les retraitements extra comptables et de traduire la situation économique et financière réelle des entreprises.
L’architecture du bilan privilégie un agencement des masses du bilan selon leur fonction dans le cycle d’exploitation de l’entreprise. Au niveau de l’actif, le critère de liquidité est abandonné au profit d’un critère combiné Destination/Nature. Pour le passif, les postes ne sont pas classés selon leur degré d’exigibilité mais selon leur origine.
(Présenter les contenus du bilan)
Cette présentation vise à identifier l’origine des fonds et leur destination et vérifie si l’entreprise dégage des marges et une rentabilité suffisante tout en conservant les équilibres financiers fondamentaux.
Par cette architecture, le PCGE cherche à mieux préparer l’analyse financière, à partir d’une structure fonctionnelle qui regroupe, en vue d’une utilisation plus facilitée, les postes du bilan.
Quant au CPC, l’architecture du classement obéit à plusieurs critères successifs servant à l’analyse financière :
  • Distinction entre opérations courantes et non courantes,
  • Distinction par fonction,
  • Distinction par nature,
  • Distinction entre opérations de l’exercice et celles de l’exercice précédent.
Pour opérer son analyse, l’analyste financier, malgré toutes les informations financières offertes par le bilan fonctionnel fourni par les entreprises, doit présenter un bilan financier pour mettre en évidence le degré de liquidité des actifs et le degré d’exigibilité du passif en fonction du critère de durée. L’objet étant de vérifier si les emplois à long terme sont financés par des ressources de même durée et d’évaluer le risque de non liquidité. Pour ce faire, il doit opérer certains redressements sur les données comptables fournies.
La première chose à prendre en considération dans le bilan financier est la valeur réelle des postes d’immobilisations. Or, le PCGE ayant imposé la valeur historique, il y a lieu donc d’opérer des réévaluations du poste des immobilisations. Il faut préciser que l’impact de cette réévaluation va apparaître davantage sur le volume du poste en question, mais, n’aura aucune incidence sur l’équilibre financier puisqu’on opère au niveau de l’Actif et du Passif.
Les postes qui doivent faire l’objet de redressements sont, principalement, au nombre de trois : le résultat net de l’exercice, les immobilisations en non-valeur et les engagements de crédit-bail.
Pour ce qui est du résultat de l’exercice, nous savons qu’il ne peut avoir que deux destinations : être distribué sous forme de dividendes aux actionnaires (propriétaires) ou gardé dans l’entreprise sous forme de réserves. Partant de là le montant du résultat sera affecté pour une part aux réserves (et viendra s’ajouter au montant des capitaux propres) et pour l’autre part aux dividendes à distribuer aux actionnaires (et viendra s’ajouter au montant des dettes à court terme de l’entreprise).
Les immobilisations en non-valeur ne figurent dans l’actif du bilan que pour permettre à l’entreprise de les amortir sur plusieurs exercices. Cette situation inexacte en terme patrimonial (des charges inscrites parmi les « avoir » en Actif) demeure, cependant, nécessaire d’un point de vue comptable puisqu’elle permet de ne pas faire subir à un seul exercice des charges qui concernent plusieurs années de la vie de l’entreprise. L’analyste financier dont la préoccupation est de donner une situation financière réelle, sans se soucier des préoccupations comptables, va donc rétablir la situation en éliminant, tout simplement, les non-valeurs du poste d’Actif. Pour maintenir l’équilibre entre l’Actif et le Passif, il diminuera le montant des capitaux propres du même montant.
Les engagements en crédit-bail sont le troisième poste qui doit subir des redressements. En effet, les engagements de crédit-bail matérialisent des immobilisations financées par leasing ; Ces immobilisations n’étant pas la propriété de l’entreprise, elles ne figurent pas dans le bilan parmi les éléments de son patrimoine, elles figurent parmi les éléments hors bilan. Dès lors que ces immobilisations participent à l’activité de l’entreprise et qu’elles sont sources de valeur, le financier doit les intégrer comme faisant partie des éléments de l’actif du bilan de l’entreprise. Ainsi, le montant des engagements de crédit-bail est-il ajouté à l’Actif Immobilisé. Pour maintenir l’équilibre entre l’Actif et le Passif, le montant du Financement Permanent est augmenté du même montant.