Blog de la faculté Des Sciences Juridiques Economiques Et Sociales de MOHAMMEDIA

2017-09-22

HPE chap 1: LES COURANTS DE PENSÉE ECO (Les néoclassiques)

 Les néoclassiques




Apparue dans la seconde moitié du 19 ème siècle, la pensée néoclassique tire son origine des travaux de Léon Walras, Vilfredo Pareto et Alfred Marshall. Trois notions sont essentielles :



1. Le calcul à la marge
La théorie néoclassique cherche l’explication des phénomènes
économiques au niveau des comportements individuels guidés par le principe de rationalité. C’est la démarche de la microéconomie. Le modèle de l’homo oeconomicus insiste sur le fait que tout comportement relève d’un calcul, d’un choix explicite ou implicite…

- Les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité, compte tenu de la contrainte de leur revenu. En fait, les consommateurs sont placés perpétuellement devant des choix à effectuer entre plusieurs biens (ici les biens X et Y). Compte tenu de la contrainte de revenu, si le consommateur décide d’acheter plus de bien X, il devra renoncer à un certaine quantité de bien Y. La variation du prix des biens X et Y (que l’on qualifie d’effet de substitution) ou la variation du revenu (effet revenu) desserre ou resserre la contrainte qui pèse sur le consommateur.

Max U (X, Y)
Cte : R = px . X + py . Y




U : utilité, X : bien 1, Y : bien 2, R : revenu, px : prix du bien X, py : prix du bien Y

Effet substitution : si le prix du bien X augmente, à revenu constant, le consommateur devra diminuer sa consommation de bien X ou modifier sa combinaison de biens (X, Y). Effet revenu : si le revenu augmente, le consommateur pourra augmenter sa consommation de bien X, de bien Y ou des deux (X, Y).
En utilisant le calcul à la marge, les néoclassiques ont montré que l’utilité marginale, qui
représente la valeur à laquelle le consommateur estime le bien, est décroissante en fonction des
quantités consommées. Ainsi l’utilité totale croît, mais l’accroissement de la dernière unité (utilité
marginale) est de plus en plus faible pour les biens qui existent en quantité illimitée (ceci est illustré
par le principe de satiété du consommateur).
- Les producteurs cherchent à maximiser leurs profits compte tenu de la contrainte de leur fonction de production. Cette fonction de production est dite à facteurs substituables (c’est à dire que le producteur recherche la meilleure combinaison de travail et de capital). Toutefois, la théorie
néoclassique admet qu’à court terme, seul le facteur travail parvient à s’adapter (le facteur capital a
besoin d’un certain temps d’adaptation).
Max П = p Y – wN – r K


„P : profits, w : salaire, N : travail, r : interet, K : capitalCte : Y = f (N, K)




Le prix du marché résulte de l’égalisation entre le coût marginal et l’utilité marginale, qui appréhendée du point de vue du producteur, prend le nom de recette marginale. A long terme, le prix du marché est égal au minimum du coût moyen et le profit pur égal à 0. Les facteurs de production (travail, capital) sont rémunérés en fonction de leur productivité marginale. Ainsi le
salaire réel est égal à la productivité marginale du travail : w / p = Y / N
2. Le modèle du marché, l’équilibre partiel et l’équilibre général

La représentation de la pensée néoclassique passe par le modèle d'une économie de marché. Le
marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande, qui réagissent en fonction du prix 3.
L’équilibre partiel (équilibre sur un seul marché), cher à Alfred Marshall, est souvent opposé à
l’équilibre général, dont la paternité revient à Léon Walras.
Dans son ouvrage Eléments d’économie politique pure (1874), Léon Walras précisera la condition
d’équilibre général : « l’échange de plusieurs marchandises entre elles sur un marché régi par la
libre concurrence est une opération par laquelle tous les porteurs, soit d’une, soit de plusieurs
d’entre ces marchandises, soit de toutes, peuvent obtenir la plus grande satisfaction de leurs
besoins compatible avec cette condition que non seulement deux marchandises quelconques
s’échangent l’une contre l’autre suivant une proportion commune et identique, mais que, de lus, ces
deux marchandises s’échangent contre une troisième quelconque suivant deux proportions dont le
rapport soit égal à la première » (1874, [1988, p. 199-200]). L’équilibre général est la formation
d’un prix d’équilibre sur chacun des marchés existants. La théorie néoclassique identifie quatre
marchés : le marché des biens et services, le marché du travail, le marché des titres et le marché de
la monnaie.
Les agents économiques sont à la fois demandeur et offreur sur l’ensemble des marchés (ainsi les
ménages demandent des produits sur le marché des biens, offrent leur force de travail sur le marché
du travail, demandent des actifs financiers sur le marché des titres, demandent de la monnaie). La
théorie néoclassique insiste sur l’interdépendance des 4 marchés, en précisant (grâce aux égalités
comptables emplois – ressources des agents) que l’équilibre sur les marchés du travail, de la
monnaie et des titres, permet de conclure que le marché des biens et services est également en
équilibre.
Par ailleurs, Léon Walras suppose l’existence d’un commissaire priseur qui centralise toute
l’information sur le volume et les conditions de transactions, et propose des prix. Les prix étant
donnés, les agents, dissociés en unité de consommation (le consommateur maximise sa fonction
d'utilité sous une contrainte budgétaire) et unité de production (le producteur maximise ses profits
sous la contrainte d'une fonction de production), vont manifester leurs offres et leurs demandes
correspondantes. Cette confrontation entre offres et demandes pour un certain système de prix
s'effectuera sans qu'aucun échange n'ait eu lieu. Le prix évoluera en fonction de l'excès de l'offre (la
demande) sur la demande (l'offre) pour aboutir à un nouveau système de prix. Le processus
d'ajustement 4 continuera (sans que s'effectue aucun échange) jusqu'à ce qu'il existe un même
système de prix pour tous les opérateurs tel que pour chaque bien, l'offre soit égale à la demande, et
que les échanges ne puissent s'effectuer en dehors de ce même système de prix. Vilfredo Pareto
précisera que l’équilibre général est un optimum, c’est-à-dire qu’il est impossible d’améliorer la
satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’un autre. Autrement dit, les échangistes sont
satisfaits à l’équilibre et il n’y a plus de possibilité d’échange. L’équilibre avec un système de prix
unique aboutit ainsi à la maximisation des satisfactions pour l’ensemble des agents économiques.
3. Une démarche normative
La théorie néoclassique est normative dans la mesure où les équilibres ne sont pas ce qui est, mais
ce qui doit être. D’une certaine manière, il faut donc modifier le réel dans le sens des hypothèses du
modèle. Ceci explique l’utilisation courante du modèle de concurrence pure et parfaite. Sur le
marché, le prix est unique compte tenu de la rationalité des comportements sous les hypothèses : de
fluidité du marché (circulation de l’information) ; de transparence du marché (l’information est
disponible à tous) ; d’atomicité de l’offre et la demande (aucun agent ne peut agir sur le marché),
d’homogénéité des produits (produits standards) et d’absence de barrières à l’entrée.
En concurrence pure et parfaire, le prix devient une donnée pour les agents économiques considérés
individuellement (on dit qu’ils sont price-takers). Le prix unique garantit au producteur que toute

la production offerte, trouvera un débouché à ce prix.