Blog de la faculté Des Sciences Juridiques Economiques Et Sociales de MOHAMMEDIA

2017-09-14

Monétaire chapitre1 :Qu’est ce que la monnaie


Titre 1. Qu’est ce que la monnaie ?


1. Qu’est ce que la monnaie
Les économistes définissent la monnaie à partir de ses trois fonctions et qui sont : moyen de
paiement, réserve de la valeur et unité de compte.

2. Les fonctions de la monnaie
2.1. Moyen de paiement
La première fonction de la monnaie est de faciliter le commerce, c'est-à-dire les échanges de biens et de services bénéficiant aux deux parties concernées. Cette fonction est appelée instrument d’échange. Lorsque l’échange a lieu en absence de monnaie, on dit qu’il y a un troc. Le troc implique un échange direct d’un bien ou service contre un autre. Toutefois, pour que le troc soit possible, il doit y avoir une double coïncidence entre les besoins respectifs. Un individu doit posséder ce que l’autre désire, et vice versa. Si X a des pommes, il peut les échanger contre les chaussettes de Y dont il a besoin, lorsque Y a lui aussi besoin des pommes. Le troc permet donc un supplément de satisfaction à chacun d’entre eux. Mais si X dispose de bois et qu’Y n’a nullement besoin, il faut que l’un d’eux ou les deux trouvent une troisième personne, dans l’espoir de réaliser un échange multilatéral. La monnaie facilite l’échange de ce type. X vend son bois contre de la monnaie et avec ce moyen il va acheter tout ce dont il a besoin. Les avantages de la monnaie sont encore plus évidents si on songe aux multitudes d’échanges qui puissent exister dans une économie moderne.
Quel est alors le bien qui peut servir d’instrument d’échange, c'est-à-dire de monnaie.  Un large éventail d’objets a d’ailleurs été utilisé à cet effet. Le choix d’un objet particulier en tant que "monnaie" peut être considéré comme le résultat d’une convention sociale. Si vous acceptez la monnaie comme contrepartie des biens que vous voulez vendre, c’est parce que les autres accepteront votre monnaie comme contrepartie des biens que vous voulez achetez.

Toutes sortes d’objets ont été utilisées comme monnaie par des cultures différentes à des époques différentes. Les indiens d’Amérique se servaient de perles et les habitants des îles des Mers du Sud, de coquillages. Dans les camps des prisonniers pendant la 2 ème guerre mondiale, les cigarettes étaient un instrument d’échange.
Pendant longtemps l’or a été le principal instrument d’échange. Cependant la valeur d’une pièce d’or dépend de son poids, de sa pureté ainsi que de l’offre et de la demande sur le marché de l’or. Il serait très coûteux de la peser et de la vérifier à chaque transaction. Dès lors l’une des fonctions de l’Etat jusqu’au 20 ème siècle a été de frapper les pièces d’or, garantissant ainsi leur poids et leur qualité.
De nos jours tous les pays développés utilisent comme monnaie du papier, spécialement imprimé par l’Etat à cet effet, ainsi que les pièces de métal. Cependant la plupart des transactions sont effectuées à l’aide de chèques, de cartes de crédit ou de virement entre banques. Les économistes considèrent que les encaisses détenues sous forme de compte-chèques sont de la monnaie, au même titre que les billets parce qu’elles sont acceptées comme mode de paiement presque partout, et remplissent une fonction d’instrument d’échange.

2.2. Réserve de la valeur
Les gens n’accepteront d’échanger ce qu’ils possèdent contre de la monnaie que s’ils pensent pouvoir ultérieurement échanger cette monnaie contre les biens ou services qu’ils désirent. Par conséquent, pour que la monnaie puisse jouer son rôle d’instrument d’échange, elle doit garder sa valeur, du moins pour une période courte. Cette fonction est plus connue sous le nom de fonction de « réserve de la valeur ».
Il existe beaucoup d’autres réserves de valeur. L’or, qui n’est plus une « monnaie » parce qu’il n’est plus utilisé comme instrument d’échange, continue néanmoins à servir de réserve de valeur. En Inde, par exemple, les gens détiennent une grande part de leur épargne sous forme d’or. La terre, les actions, les obligations, le pétrole, les ressources minières sont autant de réserves de valeur. Mais aucune n’est parfaitement sûre dans la mesure où il est impossible de savoir précisément contre quoi elles pourront être échangées dans le futur. Les pièces, les billets, les comptes-chèques et les autres formes de monnaie ne sont pas non plus des réserves de valeur parfaitement sûres. En cas de fluctuation de prix, le montant de ce que vous pourrez acheter avec vos liquidités ou avec l’argent placé sur votre compte en banque ne sera pas le même.
La monnaie a la propriété de liquidité qui la qualifie pour être le meilleur instrument de réserve de pouvoir d’achat immédiat.   
La monnaie est un instrument de réserve de pouvoir d’achat immédiat et un actif sans risque. Donc la monnaie n’est pas un bien comme les autres et les différences résident non dans la qualité de la monnaie mais dans sa nature. C’est ce qu’a fait Keynes dans "Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie" (1936).
Les propriétés de la monnaie selon Keynes sont trois :
-          L’élasticité d’offre de la monnaie est nulle. Il n’existe pas de mécanisme automatique qui en réallouant des facteurs au secteur monétaire permettrait de produire plus de monnaie. En ce sens, la monnaie fait partie des biens rares, dont la production ne peut être induite de la demande des agents par les mécanismes de marché. Le processus de sa production n’est pas directement lié aux variables réelles de l’économie. Elle constitue pour l’économie réelle une variable exogène.
-          L’élasticité de substitution de la monnaie est nulle. Lorsque la quantité de monnaie est insuffisante, il n’existe aucune possibilité de substituer d’autres biens ou actifs à la monnaie. Cette seconde propriété renforce le caractère de rareté de la monnaie, bien sans substitut pour remplir la fonction d’échange.
-          Lorsque le volume de monnaie est insuffisant il n’est pas possible d’obtenir un accroissement de la valeur réelle de la monnaie par la baisse des prix.
Ce dernier point fait l’objet de controverse.
Les théoriciens classiques soutenaient que la quantité de monnaie existant dans l’économie était sans importance. Si le volume de monnaie est momentanément insuffisant, il en résulterait logiquement une baisse de la demande et des prix. La baisse des prix augmenterait alors la valeur réelle de la monnaie par rapport aux biens, et les échanges se produiraient normalement.
Keynes s’oppose à cette façon de voir les choses. Pour lui, la baisse des prix ne sera jamais le moyen qui permettra d’obtenir l’équilibre monétaire. Il avance plusieurs raisons à cela :
-          la première est purement factuelle : c’est la rigidité du taux de salaire monétaire. En voulant conserver leur pouvoir d’achat nominal, les salariés empêchent la baisse des prix.
-          La deuxième est plus technique : de nombreux contrats à termes libellés en monnaie contribuent à stabiliser les prix dans le temps.
-          La troisième est liée à la théorie monétaire de Keynes. Lorsque les agents trouvent la quantité de monnaie insuffisante, ils liquident des actifs et font alors remonter le taux d’intérêt. L’activité économique se ralentit dans son ensemble. L’ajustement de la demande à l’offre de monnaie se fait par une variation des quantités échangées et non par la baisse des prix.
Au total, pour Keynes, un bien dont les élasticités de production et de substitution sont nulles et dont le prix ne résulte pas d’un mécanisme de marché, a une valeur plus stable que n’importe quel autre bien ; il sera logiquement l’étalon de valeur et l’instrument privilégié de l’échange. Ce sont ces « propriétés » -que la monnaie est seule à posséder- qui la caractérisent.
Cette stabilité de la valeur relative de la monnaie joue, d’après Keynes, un rôle essentiel dans une économie complexe où le temps intervient et où l’avenir n’est pas connu avec certitude. La détention de la monnaie, qui est l’actif le moins risqué, est un moyen de s’assurer contre cette incertitude : c’est la raison pour laquelle on acceptera toujours d’échanger des biens contre de la monnaie.

2.3. Unité de compte
Par opposition à la situation de troc, la monnaie en question n’est pas une marchandise prise parmi les autres, mais bien une unité de référence conventionnelle. C’est la monnaie "unité de compte".
 Son utilisation va permettre des comparaisons qu’il n’était pas possible d’effectuer entre des prix exprimés dans des unités de mesures différentes.
 A l’origine, c’est une conception concrète qui a présidé à l’élaboration de l’unité de compte. Celle-ci a pris des formes très diverses : coquillage, perles, pierres précieuses, métaux précieux. Il y avait ensuite à une dématérialisation progressive de la monnaie qui a fait accéder celle-ci au statut de monnaie de compte.

3. Les formes de la monnaie
Si l’on réserve le terme de monnaie aux facteurs utilisés pour effectuer des paiements, celle-ci prend les trois formes suivantes :
- monnaie divisionnaire : pièces de monnaie ;
- monnaie fiduciaire : billets de banque inconvertibles ou papier-monnaie ;
- monnaie scripturale : dépôts bancaires sur lesquels des chèques peuvent être tirés sans préavis.
Notons que l’ensemble des facteurs précédents représente les disponibilités monétaires.
On s’aperçoit alors que des facteurs tels que "comptes d’épargne" ne sont pas retenus dans cette définition. A côté donc de ces moyens de paiement parfaitement liquides, on trouve également des disponibilités quasi-monétaires ou encore quasi-monnaie.  Il s’agit des placements liquides ou semi-liquides gérés par les établissements pouvant créer de la monnaie : dépôts à terme, comptes sur livrets, comptes d’épargne logement, bons de caisse gérés ou émis par les banques, etc.
L’ensemble formé par les disponibilités monétaires et quasi-monétaires constitue la masse monétaire au sens large.
Les économistes ont donné à la monnaie le statut d’actif sans risque.  La question et la difficulté qui se posent : est-ce que tout actif sans risque pouvait être considéré comme de la monnaie ? Certains penchèrent pour l’affirmatif considérant qu’à côté de la monnaie, il pouvait exister de la quasi-monnaie ; encore fallait-il déterminer parmi les actifs liquides ce qui devait entrer dans cette quasi-monnaie. En fait, accorder une nature « monétaire » à des actifs qui ne pouvaient pas servir d’instruments d’échanges, c’est dénaturer le concept même de monnaie.
Toutefois, le rapport Radcliffe (1959) concluait dans ce sens. Les autorités monétaires ne pouvaient pas se désintéresser de l’existence d’actifs liquides autres que la monnaie au sens strict mais que les agents pouvaient à tout moment transformer en monnaie. Un des objectifs de la politique monétaire est de contrôler la progression de la quantité de monnaie. La surveillance des actifs liquides devenait donc nécessaire. On adopta alors le concept d’agrégat pour désigner des regroupements d’actifs ayant des degrés de liquidité décroissants. De nombreuses modifications et mutations interviennent dans la notion d’agrégat, leur contenu fut modifié à différentes époques, ainsi que les critères qui permettaient de les classer (voir présentation PPT)

4. Les fondements de la monnaie

A l’origine, l’unité monétaire est définie par un certain poids de métal précieux dont le prix confère sa valeur à la monnaie. Mais, très vite, la valeur du métal contenu dans l’unité monétaire est devenue très inférieure à la valeur nominale des pièces de monnaie.
La monnaie ne tire donc plus sa valeur de sa couverture-métal (qui le plus généralement était une couverture-or). Les raisons de cette évolution sont multiples, mais elle est venue en particulier de la rareté relative des métaux précieux face à la demande de monnaie de l’économie. Ainsi, avec l’institution du cours forcé permanent, la monnaie possède un pouvoir libératoire qui repose sur une fiction légale.                                              
      Mais, le papier-monnaie ne constitue pas une forme dégénérée de la monnaie métallique, c’est une forme supérieure -qui s’est débarrassée du carcan métalliste- intégrée dans l’économie et assujettie aux besoins de celle-ci.
      Dans cette optique, la valeur de la monnaie dépend d’abord de l ‘acte de la puissance publique. C’est cet acte qui confère une réalité à l’unité monétaire ; on peut parler ainsi de facteur politique.
      Cependant, la valeur de la monnaie dépend ensuite de la confiance qu’elle suscite dans le public. C’est cette confiance qui lui confère sa valeur réelle ; on peut parler alors de facteurs psychologiques.
      Cette confiance doit être justifiée par un certain équilibre entre les droits à acheter utilisés -conférés par la possession de moyens de paiement- et les biens offerts contre la monnaie.
      Ainsi, pratiquement la valeur de la monnaie est son pouvoir d’achat, et la production de richesse réelle constitue le fondement de la monnaie ; on peut parler ainsi de facteur économique.

      L ‘un des problèmes auxquels est confronté tout économiste et décideur est celui de l’équilibre de la masse monétaire effectivement utilisée et des biens disponibles à l’achat. C’est le problème de la demande de monnaie (voir Titre 2).