Blog de la faculté Des Sciences Juridiques Economiques Et Sociales de MOHAMMEDIA

2017-09-21

monétaire S3 chapitre 2 : la demande de monnaie

chapitre 2 : la demande de monnaie


Les biens économiques sont de deux sortes : ceux qui ont une utilité directe (les biens de consommation en général) et ceux qui procurent un service productif (les biens d’investissement) ou un rendement pécuniaire (les titres). Chaque bien est demandé en fonction de cette utilité directe ou de ce service appréciable en termes monétaires. Il est substituable à d’autres biens et son prix relatif fait partie de l’ensemble des prix. Tous les marchés de biens sont

interdépendants.
Qu’en est-il de la monnaie ? La monnaie n’a pas d’utilité directe et ne procure aucun rendement pécuniaire. Elle a toutefois une fonction spécifique, celle d’être l’instrument unique de l’échange, et une propriété, celle d’avoir une valeur stable à court terme ce qui fait d’elle
 un actif non risqué. C’est autour de ces deux points que s’est organisée la théorie de la demande de monnaie. 
1.    Les fondements de la demande de monnaie
On demande de la monnaie pour des motifs de transaction, de précaution et de spéculation.
1.1. Motif de transaction 
Soit L1, la demande de monnaie pour des motifs de transaction. Soit un ménage qui dépense régulièrement son revenu. Si le revenu augmente, la consommation augmente, car la propension marginale à épargner est nulle. L1 dépend donc du niveau de revenu. L1 est fonction croissante du revenu. L’encaisse-transaction d’un individu, ou d’un agent, dépend étroitement de la dimension et de la périodicité de son revenu ; elle lui permet d’effectuer ses opérations courantes de dépenses. L’absence de synchronisation entre perception du revenu et dépense du revenu oblige les agents à détenir une encaisse. La détention d’une encaisse est justifiée aussi par les coûts de transactions que peut subir un agent s’il décide de conserver son pouvoir d’achat sous forme de titres tout en convertissant ces titres au cas de besoin de monnaie. Les coûts de transaction seront dans certains cas plus importants que les intérêts perçus sur ces titres.
1.2. Motif de précaution
Ce motif répond à un souci de prévention de certains besoins. L’encaisse-précaution est aussi une encaisse de sécurité qui doit permettre de faire face à des pertes momentanées de revenus et/ ou à des dépenses secondaires et impératives.
1.3. Motif de spéculation
Lorsque le cours des titres est élevé, certains agents ont tendance à différer le placement de leurs liquidités. La demande spéculative varie en sens inverse de taux d’intérêt
Ceci nous permet d’introduire la notion de préférence pour la liquidité  qui décrit simplement que les agents auront tendance à détenir plus d’espèces liquides lorsque les taux d’intérêt sont bas, et moins d’espèces liquides lorsqu’ils sont élevés.
Le taux d’intérêt représente le coût d’opportunité de la détention d’avoirs monétaires non porteurs d’intérêt. La hausse des taux réduit la quantité demandée de monnaie, d’où la pente négative de cette courbe. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus la demande de monnaie baisse (fonction décroissante).
2. L’interprétation de  la demande de monnaie selon la théorie keynésienne.
Dans la théorie keynésienne, la demande de monnaie (c'est-à-dire la détention d’encaisse liquide) ne dépend pas uniquement du motif de transaction. Keynes désigne la demande de monnaie par le terme « préférence pour la liquidité », et affirme que celle-ci résulte de trois motifs : spéculation, précaution et transaction.
Cette préférence pour la liquidité infirme la loi des débouchés de Say « l’offre crée la demande » et « les produits s’échangent contre les produits », car la préférence pour la liquidité a un effet d’éviction sur la demande et sur le volume de transactions.  
2.1. La demande de monnaie pour motif de transactions   
Le motif de transaction répond à la nécessité de conserver de la monnaie pour combler l’intervalle de temps qui sépare éventuellement les opérations d’encaissement et de décaissement, effectuées pour la dépense de revenu de l’ensemble des agents et pour les dépenses de production pour les professionnels. Le motif de revenu décide de la somme de monnaie conservée entre le moment où le revenu est encaissé et le moment des dépenses.
2.2. La demande de monnaie pour motif de précautions
La monnaie est considérée «pour combler l’intervalle entre l’encaissement et le décaissement de revenu ». Pour les professionnels, la monnaie est demandée « pour combler l’intervalle entre l’époque où l’on assume les frais professionnels et celle où on encaisse le produit de la vente »
C’est le défaut de synchronisation entre la perception des revenus et les dépenses qui justifie de constituer une encaisse pour faire face aux transactions.
Le motif de précaution de Keynes jette une passerelle, entre la fonction de transaction et la fonction de réserve de valeur de la monnaie.
Ce motif de précautions conduit à la constitution d’une encaisse, dont Keynes énonce qu’elle dépend comme l’encaisse de transactions, principalement du montant du revenu.
M1 désignant le montant de monnaie détenu pour satisfaire les motifs de transactions et de précautions, Keynes écrit : M1=L1(R), où L1 est la fonction de liquidité qui détermine M1 par rapport au  revenu R.
2.3. La demande de monnaie pour motif de spéculation
L’analyse keynésienne de motif de spéculation a ouvert la voie aux formulations de la demande de monnaie faisant droit à la fonction de réserve de valeur.
L’aspect le plus original de l’analyse de la demande de monnaie qu’a proposé Keynes réside dans la prise en compte d’une « encaisse de spéculation ».
Keynes met au premier plan le lien entre la monnaie et l’incertitude. Le taux d’intérêt est, chez Keynes, la variable conventionnelle qui résume toute l’incertitude inhérente à la vie économique, son niveau à un moment donné, est incertain.
L’évolution du taux d’intérêt est incertaine.  Ce qui explique la préférence pour la liquidité de type L2. Cette préférence  justifie la conservation d’un avoir liquide M2.
Pour Keynes le taux d’intérêt indemnise les agents économiques pour la renonciation à la liquidité. Il n’est pas la variable qui équilibre l’offre d’épargne et la demande d’investissement, il est une variable monétaire.
*Cette équation est le résultat de la méthode suivante : en recourant à l’analyse avantage-coûts. Les avantages de la détention d’encaisses sont liés au pouvoir libératoire de la monnaie, à l’absence de frais de transaction et de conversion. Le coût principal de la détention de monnaie est la renonciation à l’intérêt qui résulte de la détention d’un titre de placement. Ainsi, toute conversion  implique un coût de conversion et la  renonciation au taux d’intérêt.
Les variations du taux d’intérêt conditionnent la forme de l’épargne que souhaite l’agent économique (épargne financière : placements rémunérés et épargne monétaire : détention d’encaisses).
Au sein de l’épargne monétaire, le montant d’encaisse de spéculation est  en liaison inverse avec le niveau et les variations attendues du taux d’intérêt.
- Si le taux d’intérêt est élevé, le cours des titres est à bas niveau, et le manque à gagner 
( coût d’opportunité) lié à la détention de monnaie( non rémunérée) est important : en conséquence, 
les agents effectuent des placements, et l’encaisse de spéculation est au plus bas ;
- Si le taux d’intérêt est bas ou faible, la demande de monnaie spéculative est forte.
En désignant par M2, la monnaie demandée pour motif de spéculation, Keynes écrit :
 M2 = L2 (r)
r :  représente le taux d’intérêt.
La demande de monnaie ou fonction de liquidité, s’obtient en additionnant les  deux
composantes M1 et M2, qui obéissent  à des déterminants distincts :
 M = M1 + M2 = L1(R)  + L2( r)
Il est à rappeler que cette explication est devenue en partie caduque par l’introduction 
du « motif de finance »présenté dans les articles postérieurs de la « Théorie générale »
3. La demande de monnaie chez les monétaristes 
Pour les monétaristes, un accroissement de l'offre de la monnaie entraîne une variation
 du niveau de prix sans modification de la production ou de l'emploi. Les prix varient de façon 
plus ou moins proportionnelle aux fluctuations de l'offre de monnaie. Certains monétaristes pensent que, même s'il y a du chômage et que si l'économie fonctionne en dessous de ses capacités de production, les hausses de l'offre de monnaie se traduisent toujours sous forme 
de fluctuations dans le niveau des prix. 
Pour expliquer cette conclusion des monétaristes, on prend l'équation des échanges :
 MV = PY
M : quantité de monnaie en circulation
V : Vitesse de circulation de la monnaie, c'est-à-dire le nombre de fois qu'une
unité monétaire est utilisée dans une année.
P : le prix moyen
Y : montant total des transactions effectuées dans une année, c'est-à-dire 
la production, déduction faite de la variation des stocks. 
Les monétaristes posent l'hypothèse que la vitesse de circulation de la monnaie est constante.
Si on suppose que Y est constant (au niveau de plein emploi par exemple), une hausse de M se traduit par une augmentation proportionnelle de P.
Cette équation fournit également une règle simple d'augmentation de l'offre de monnaie.
 Pour que les prix restent stables et que le revenu réel augmente par exemple de 2%, il faut que l'offre de monnaie croisse de 2% par an. La quantité de monnaie devrait augmenter proportionnellement aux augmentations de la production réelle. Cela aurait un effet de stabiliser les prix.
Pour les monétaristes, la demande de monnaie est proportionnelle à la production nominale (revenu). Elle ne dépend pas du taux d'intérêt. Ils font l'hypothèse de la courbe de demande 
de la monnaie est verticale.
Md = a Ym
La demande de monnaie est égale à une constante multipliée par le revenu nominal. Et étant
donné que la demande est égale à l'offre :  Md = Ms
4. La Théorie quantitative de la monnaie (TQM)
Une augmentation de l'offre de monnaie fait augmenter proportionnellement la production nominale globale. Et puisque
Ym = PY ,    Y étant la production réelle, par conséquent, si Y est fixé, une hausse de la 
production nominale, Ym entraîne une hausse des prix. Donc si l'offre de monnaie double, la demande de monnaie doit doubler, mais elle ne peut doubler que si la production nominale double, or cette dernière ne peut doubler que si le niveau des prix double
Dire que la demande de monnaie ne dépend pas du taux d'intérêt revient à supposer que la vitesse de circulation de la monnaie (PY/M) est une constante.
La vitesse de circulation de la monnaie représente la vitesse à laquelle un billet passe d'un portefeuille à un autre. Elle est calculée  en divisant la valeur nominale de la production 
(le PIB nominal) par la quantité de monnaie. MV = PY est appelée équation quantitative car elle lie la quantité de monnaie M à la valeur nominale de la production (PY). Selon cette équation, une augmentation de la quantité de monnaie dans l'économie doit se traduire par une augmentation des prix ou une augmentation de la production ou un ralentissement de la vitesse de circulation. Comme cette dernière est relativement stable. La masse monétaire 
et le PIB nominal varient.
Parce que la vitesse est stable, les modifications de la masse monétaire se traduisent par des modifications proportionnelles de la valeur nominale de la production (PY). La production
 de biens et services est essentiellement fonction des facteurs de production et de la 
technologie. La monnaie est neutre, elle n'influence pas la production. La variation de la 
masse monétaire se traduit donc par une variation du niveau général des prix (P).  
5. La demande de monnaie chez las monétaristes : reformulation  de la TQM.
Pour  FRIEDMAN  la TQM est d’abord présentée comme une théorie de la demande 
de monnaie. La TQM « n’est pas une théorie de la production, ou de revenu monétaire, 
ou du niveau général des prix […] elle est, en première instance, une théorie de la demande 
de monnaie ».
FRIEDMAN a  présenté la demande de monnaie selon plusieurs formulations. Il n’a retenu
 qu’un petit nombre  de variables explicatives : la variable revenu permanent, directement influencée
 par le patrimoine des agents. Pour FRIEDMAN, le taux d’intérêt et l’évolution des prix ne joueraient qu’un rôle secondaire à côté de celui tenu par le patrimoine. Le patrimoine  est 
évalué par le flux moyen de revenu qu’il engendre, appelé revenu permanent.
La fonction de demande de monnaie de FRIEDMAN ne retient comme seule variable
 explicative que le revenu permanent en termes réels yp,  lui-même représentatif du 
patrimoine de l’agent. L a demande de monnaie peut s’écrire :
Md = P.k.yp 
Le taux d’intérêt, auquel Keynes reconnaissait une importance cruciale dans son analyse 
de la préférence pour la liquidité, est sans importance chez M. FRIEDMAN : il s’agit d’une différence majeure entre les deux formulations les plus connues de la demande de monnaie.
Pour M. FRIEDMAN, la demande de monnaie est très stable en comparaison avec l’offre.
Celle-ci est fortement instable et déterminée de façon exogène par les autorités monétaires. D’après cet auteur la demande de monnaie est la fonction macro-économique la plus stable.
Cette stabilité est due à deux caractéristiques fortes du comportement des agents :
● L’effet d’encaisse réelle : les agents sont supposés répondre aux changements dans
 le montant de monnaie offerte en opérant les modifications entre les encaisses détenues
 et les autres actifs, de façon à ajuster les encaisses monétaires effectives aux encaisses désirées.
● L a liaison entre la demande d’encaisses et le patrimoine, ensuite ; cette demande est  
sous l’influence du patrimoine. Ce dernier est une grandeur stable. Les agents, en général, recherchent une structure stable.
La fonction de demande de monnaie est utilisée pour déterminer le revenu nominal. C’est la version renouvelée de la TQM.
Cette version constitue la « théorie monétaire du revenu nominal ». C’est l’interaction entre
 l’offre et la demande  de monnaie qui détermine le revenu nominal. Ici, les variations 
du revenu nominal ne peuvent provenir que des variations de l’offre de monnaie. Comme la quantité de monnaie émise est le fait des autorités monétaires (exogène), elle est, 
par nature, instable.
Le revenu monétaire est principalement affecté à court et à long terme par les variations nominales de la quantité nominale de monnaie. Pour les monétaristes, c’est à long terme 
que la dichotomie entre le réel et le monétaire est réaffirmée. Donc, la longue période 
permet aux monétaristes de soutenir la TQM et la relation monnaie-prix : tout excédent de monnaie engendre à long terme une hausse du niveau général des prix et donc de l’inflation.
Dans la théorie classique de la politique monétaire, lorsque cette dernière fait augmenter la production, cela tient à ce que la politique entraîne une baisse du taux d'intérêt. La politique monétaire est inefficace en période de forte récession car la courbe de demande 
de monnaie est élastique si bien que les fluctuations de l'offre de monnaie n'entraînent que de faibles variations des taux d'intérêt. En plus, même de fortes variations des taux d'intérêt ne provoquent que de faibles variations de l'investissement et donc de la demande globale.
Ces arguments font l'objet d'un large consensus quant à l'efficacité de la politique monétaire 
en période de récession. Les monétaristes avancent l'idée que la politique monétaire 
affecte uniquement le niveau des prix. Comme ces derniers sont flexibles, même à 
court terme, un accroissement de l'offre de la monnaie, entraîne une modification du niveau
 des prix sans modification de la production ou de l'emploi.